top of page
  • Photo du rédacteurO4V

Que fais tu pour un Monde meilleur ?

Script du podcast (lien audio en bas de page)


« Dieu bénit Noé et ses fils et il leur dit : soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre. Soyez la crainte et l’effroi de tous les animaux et la terre et de tous les oiseaux du ciel, comme de tout ce dont la terre fourmille et de tous les poissons de la mer : ils sont livrés entre vos mains. »

Genèse 9 :1-17


Nous vivons une époque de grands changements, certains sont clairement visibles, d’autres invisibles, et le modèle dominant de nos sociétés a atteint un régime moteur si intense que nous le subissons en permanence ; et à moins de fuir constamment l’information, ou de n’être jamais sorti de sa grotte, il est aujourd’hui difficile de nier le constat alarmant que notre monde va mal.

Pourtant il existe tant de choses à la portée de tout un chacun pour orienter son quotidien dans la voie d’un monde meilleur. Ces choses, ces actes, ces pensées ou même ces rêves sont l’héritage avec un grand H ; elles sont le foisonnement intérieur de l’individu, puis une fois mises bout à bout, elles deviennent l’œuvre collective. Vagabonder m’inspire toujours plus de questionnement, c’est sûrement tout ces moments de solitude qui abreuvent mon goût pour l'existentiel, ou peut-être pas, c’est peut être juste là. C'est bien beau de se poser des montagnes de questions si on ne prends même pas la peine de se hisser jusqu’aux premiers contreforts ; et pour percer l’essence d’une réponse il faut suer, il faut éprouver la question en permanence, la poser autour de soi, rêver avec, lire, écouter et surtout entendre. Alors j’essaye de répondre à mes questions, car je considère avant tout que ce sont nos questions.


Alors toi que fais – tu pour un monde meilleur, un monde nouveau ?

Mais où commence et où s’arrête notre monde ; des frontières de l’imaginaire jusqu’aux définitions plus académiques il y a plusieurs mondes possibles. Il y a le mien, le tien, le votre, le notre puis ceux qui ne peuvent pas se concevoir dans la pensée humaine. Sous le prisme de la biologie on considère même un organisme comme un monde (le phénotype étendu de Richard Dawkins ; L’holobionte ou supra organisme). Pensez un monde meilleur tout en intégrant la multitude des paramètres issus de nos connaissances scientifiques, de nos perceptions, et de la vision spirituelle, et tellement plus encore, n’est pas une mince affaire ; puis que signifie « meilleur » : avons-nous une définition suffisamment exhaustive de ce qui est meilleur pour le monde pour ne pas tomber dans les travers du moralisme ; ou pire encore dans le sillon de l’utilitarisme. Nietzsche écrivait : « quand vous voyez des choses idéales, moi je vois… des choses humaines, hélas ! Trop humaine. ». Et si nous en sommes à penser que le monde peut être meilleur, c’est probablement car le monde tel que nous l’observons, et du fait de nos actions, et inactions, tend vers le pire. Il y a le meilleur et le pire, hormis la tendance sémantique que nous avons à opposer ces deux termes, nous pouvons assurément penser qu’ils se complètent plus qu’ils ne s’opposent. En effet pensez-bien que notre définition dualiste du monde est plus proche du conte pour enfant que de la réalité observable, et notamment sous le constat des sciences de la vie et de la Terre. Chacun d’entre nous à son mot à dire, ou pas, sur l’état actuel du monde, et le consensus scientifique s’accorde globalement sur le rapport du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), qui est unanime : nous allons droit dans le mur et nous entrainons dans notre chute notre monde ; ou devrais-je dire un chiffre astronomique de mondes constituant le super-organisme terrien.


Évidemment il s’agit ici du monde extérieur ; j’ose même dire le « notre ». Par ailleurs il est de notoriété mondiale que l’Homme a perdu son lien ombilical avec sa « nature », il est d’ailleurs totalement biaisé par la structure artificielle de la société dans laquelle il évolue, pensant bêtement être rationnel alors que sous le prisme des neurosciences il est évident que ses comportements sont insensés, prenons pour exemple le cas des biais cognitifs, avec l’ouvrage système 1 / système 2 de Daniel Kahneman qui expose précisément le sujet ; je ne le développerai pas, mais je considère ce point essentiel pour comprendre nos comportements en société.

Partons donc d'un constat collectif que notre monde va mal, puisque intérieur ou extérieur il me semble que tout est lié, et que notre civilisation, en plus de concourir pour sa propre perte, néglige royalement son biotope, toujours intérieur et extérieur. Vous commencez à saisir ma nuance n’est ce pas ? Non ?C’est pas grave laissez vous « écouter » mon histoire. Ne vous est t il jamais venu à l’idée un jour que nous puissions être toujours en gestation, et que la Terre, notre unique habitat, soit notre mère à tous ? Que notre corps soit le laboratoire de l'impermanence, un terrain de jeu complexe où l'esprit s' amuse un temps donné avant de rejoindre sa « Nature » finale ; je vous laisse imaginer le reste. Malheureusement nous ne pouvons plus compter sur notre seule vision du cœur et nos gentilles intentions pour amortir la chute ; la transcendance non plus ne nous sauvera pas du désastre climatique, même s’ il me semble vital de continuer à cultiver les graines du « méta-humain » : l’être qui voit au-delà, capable d’individuation (concept de Carl Gustav Jung), capable de se relier à sa substance Spinozienne et détourné des plus viles réalisations. Mais attention je ne songe pas ici à l’humain amélioré, ce rêve maudit du transhumanisme. Nous sommes si royalement déconnectés de notre « nature » que la complicité que nous entretenons tous dans cet écocide ne semble pas nous altérer consciemment ; l’humain est malade : perfusé à longueur de journée, des cathéters nous traversent de toutes parts et nous abreuvent d’images abrutissantes, de son hypnotisant, de poisons pétrochimiques, de drogues de synthèse, d’ondes électromagnétiques ; nous sommes tous le mouton de quelqu’un d’autre ; il est loin le temps des bergers et l’Homme est définitivement un loup pour l’Homme. Voulez-vous un monde meilleur à votre image ou êtes-vous prêt à faire un sacrifice pour qu’il le soit avant tout pour les autres ? Rien que l’idée de répondre par moi-même me donne le vertige, la somme considérable d’actions possibles, parce qu’il est bien question d’acter, n’est plus à énumérer ; néanmoins je vous laisse consulter les rapports d’experts vulgarisateurs (Jean marc Jancovici par exemple et son livre jaune, pour les plus courageux penchez vous du côté de la collapsologie). En plus de ça il me semble indispensable de nous accorder tous sur deux points : d’une part prendre profondément conscience du soi et de la situation alarmante de notre monde, et d’autre part, se synchroniser une bonne fois pour toute, sur l’intensité de nos actes pour un monde meilleur ; puis s’y tenir coute que coute, même si nous devons prendre violemment le mur. Car dans ma définition du monde meilleur c’est inévitablement l’union qui fera que le monde sera « humainement » meilleur.


Malheureusement toutes les actions isolées, aussi bien intentionnées soient elles, ne permettent plus de contrebalancer l’ampleur vorace de notre système capitaliste.


1/ De quel Monde parle t on ?


« Ensemble de tous ce qui existe, de façon réelle et concrète » Dictionnaire Larousse


« Totalité englobante supposant un certain ordre organisé autour d’un principe commun d’intelligibilité. » Dictionnaire des concepts philosophiques


« L’absolue totalité de l’ensemble global des choses existantes. » Nelson Goodman


Pythagore préférait le terme « Cosmos »


« Notre Monde n’est qu’un Monde parmi beaucoup d’autres » et « notre Monde est constitué de nous même et de tous ce qui nous entoure, quel qu’en soit l’éloignement dans le temps ou l’espace. » David Lewis


« Cessons de voir le monde comme constitué d’organismes et d’espèces. C’est l’interaction qui bâtit le monde. » Marc André Selosse


Définir le Monde n’est pas une mince affaire, surtout quand on recueille les points de vue de chacun ; en effet nos facultés de perception (conscience, sens, raison) et intellectuelles (associations d’idées, mémoire, imagination) sont autant de façons de voir, qui vont influencer la définition que nous lui donnons. Par ailleurs notre vision du monde est fortement anthropocentriste, c’est-à-dire que l’Homme considère les êtres vivants qui l’entourent en leur prêtant des caractères humains ; - bien triste constat ; comme exemples marquant, observé sous le prisme de l’éthologie (science de l’étude des comportements des animaux et depuis peu des humains) : le fait de transposer nos émotions à nos animaux de compagnie. Par ailleurs des études ont montré que les chiens et les chats soutenaient une forme de mimétisme, en adoptant certains de nos comportements pour mieux se faire comprendre de nous. La génétique nous apprend aussi que nous partageons un nombre significatif de gènes avec les plantes, par exemple 35 % avec la jonquille ; en soit rien d’extraordinaire puisque le règne végétal était là bien avant nous, cependant c’est un fait remarquable pour ceux qui n’en n’avait jamais entendu parler. Nous avons théoriquement un ancêtre commun, qui à force de scission et de spécialisation cellulaire a constitué la diversité du monde biologique. L’Homme n’est qu’une branchette du vivant parmi des millions d’autres, et plus cosmiquement, - ou comiquement parlant, Hubert Reeves aime dire : « Nous sommes tous des poussières d’étoiles ! Car tous les noyaux des atomes qui nous constituent ont été engendrés au centre d’étoiles mortes il y a plusieurs milliards d’années ». Les constats sont tous unanimes et nous pouvons alors avancés le fait que Sapiens est un être naturel, - quelle aubaine.

2/ Sapiens au centre du monde


Être vivant exposé au aléas de l’impermanence, nous n’échappons pas au cycle de la nature, - même si Elon Musk continue de se bercer d’illusions infantiles dopées à coup de milliard de dollars. Primates doués de raison et « animal politique », tel que l’écrivait Aristote, qui soit dit en passant n’est pas blanc comme neige, nous avons su compenser nos faiblesses physiques en faisant communauté, - ou du moins en formant des groupes interdépendants, et bien souvent pour assouvir des intérêts individuels. L’Homme s’est démarqué du règne animal par sa culture, qui par définition désigne tout ce qui transforme la nature, et dans son sens le plus stricte il y a l’agriculture ; citons le labour des sols dont le résultat est une profonde modification de sa « nature ». De plus le fait d’être culturel induit un processus d’altération de tout ce qui en soi, et originellement, était naturel. Mais qu’est ce que la nature ? En soi ce n’est qu’un concept humain ; Philippe Descola, éminent anthropologue français, considère que « la nature est un concept, une abstraction. C’est une façon d’établir une distance entre les humains et les non-humains qui est née par une série de processus, de décantations successives, de la rencontre de la philosophie grecque et de la transcendance des monothéismes, et qui a pris sa forme définitive avec la révolution scientifique, […] la nature est un dispositif métaphysique, que l’Occident et les Européens ont inventé pour mettre en avant la distanciation des humains vis-à-vis du monde, un monde qui devenait alors un système de ressources, un domaine à explorer dont on essaye de comprendre les lois. » ; par ailleurs il soulève l’idée que pour lui la nature comme espace vierge n’a aucun sens.

3/ Nature et culture


Mais alors qu’est ce que tout cela peut bien signifier si la nature n’existe pas. Il est assez difficile de soustraire ce mot à notre vocabulaire pour parler du phénomène d’anthropisation (en écologie, la transformation de l’environnement par la présence de l’être humain ou de son action), qui marque profondément notre monde actuel ; et même si ce phénomène existe depuis les balbutiements de la culture, ou agriculture, des premiers hominidés, il est notable qu’aujourd’hui son impact ne permet plus à la « nature » d’être suffisamment résiliente pour se régénérer ; et cela entraine une profonde modifications de la biodiversité, pour ne pas dire des pertes colossales. La raison avérée de ces profonds changements est due ultra-majoritairement au capitalisme, qui conçoit la « nature » comme une ressource exploitable, au dessus duquel l’humain en surplomb pille maladivement ce qu’il catégorise comme « non-humain ». Cependant la culture n’a rien d’abstrait, et même si sa définition classique s’oppose à la nature il est intéressant de garder en tête le point de vue de P. Descola, lorsqu’il insiste sur le fait que la « nature » n’existe pas. En philosophie, la culture est évidemment différente de la nature, et peut aujourd’hui se définir comme un « réservoir commun » qui englobe les arts, les lettres, les sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ; tous ces tiroirs culturel sont autant de façons qui vont influer notre place en société, et évidemment notre perception du monde. Même si bon nombre de ces leviers culturels ont la fâcheuse tendance à éloigner l’humain de son terreau initial, ils sont aussi des portails nous permettant d’éprouver et de voir le monde dans sa singularité.

Comme le disait si bien Hegel le style artistique et religieux fondé davantage sur le « sentiment » est un puissant cheminement de conscientisation.

L’Oniromancie, une forme de divination qui s’attache à l’interprétation des rêves, est une sorte de trait d’union culturel que les Hommes ont su perpétuer depuis des millénaires, l’exemple de la tribu des Achuars en Amazonie ou encore de la psychanalyse jungienne prouve qu’une pratique culturelle, s’attachant à la compréhension des symboles véhiculés par l’inconscient, peut nous permettre d’envisager, voir même d’éprouver, par les rêves lucides par exemple, le monde en s’émancipant du filtre purement humain. Mais sans cette culture serions nous vraiment humain au sens littéral du terme. La réponse n’existe que dans notre cœur.

Peut être serions nous toujours ces animaux ; ces même animaux que nous dominons et exterminons sans état d’âme depuis des temps immémoriaux. Ces sœurs, ces frères dont le récit des origines (la Genèse) nous dicte de dominer sous la couverture puérile du divin commandement. Malheureusement, entre nous, les Hommes, nous adoptons un comportement toujours plein d’animosité. À force de distanciation avec les bêtes nous oublions que nous sommes toujours partiellement influencés par notre part sauvage.


3/ Alors quoi faire ?


Alors que faire pour un monde meilleur, comment conscientiser un maximum les pièces de ce puzzle pour agir, et non pas uniquement pour la survie de Sapiens, mais aussi pour la vie dans son ensemble ; cette question me trotte depuis des années ; et j’ai beau continuer à croire en l’humain et au pouvoir de l’individuation, je fais malheureusement aussi le constat que le monde change trop rapidement, et que peu d’entre nous sommes conscients de la tournure dramatique de ce changement ; que peu d’entre nous investissent leur temps pour façonner le bon qui réside en eux. Outre le fait que l’humain s’est lui-même inscrit sur la liste des espèces en voie d’extinction, il continue aussi de perpétuer la haine et l’égoïsme à large spectre et va jusqu’à se qualifier lui-même d’inhumain. Selon Bergson, plus un être est soumis à l’instinct, moins il possède de degré de conscience et plus il est capable de faire des choix. Serait – ce là le paradoxe de l’inaction ? Grâce à l’éthologie, pour rappel la science de l’étude des comportements des animaux, humains compris, nous avons aujourd’hui une meilleure compréhension du monde vivant, et plus précisément nous avons enfin admis que les animaux sont des être sensibles (tout comme le règne végétal, mais c’est une autre histoire) ; pourtant c’est une découverte ridicule lorsqu’on se penche sur les croyances animistes de nos ancêtres, prêtant aux animaux bien plus que des émotions en leur attribuant le sacre de l'esprit. L’éthologie humaine, dont Boris Cyrulnik est l’un de plus emblématiques ambassadeur en France, nous aide à théoriser les comportements instinctifs, et de ce fait nous permets de comparer l’Homme moderne avec ce que nous avons déduis de l’Homme ancestral. Ainsi nous constatons aisément que les comportements de l’Homme en société sont fort éloignés de ceux de l’Homme « primitif ». Difficile de ne pas faire de grands écarts lorsqu’il est question d’observer l’humain en société, ainsi je pense que les sciences sociales, la psychologie et l’éthologie humaine, qui en fait un précieux trait d’union, aident à mettre en lumière le fait qu’une grande partie de nos actes sont totalement désaccordés avec le monde. D’après B. Cyrulnik « il n’y a pas de coupure radicale entre l’Homme et l’animal, mais seulement des différences de degré et de performance ». En effet il y a un tronc commun évident : même système nerveux archaïque, même molécules de neurochimie (pilotant les émotions) ; et c’est la société de l’outil et du verbe et le cortex (permettant de parler et de penser) qui nous différencient nettement du monde animal. Il me semble important de préciser ces données, car si nous voulons acter, les grands singes politiques que nous sommes devons intégrer un méga lot d’information, et conscientiser en permanence, et éprouver profondément, et évidemment ressentir que tout acte entraîne une réaction en chaine. Henry David Thoreau écrivait : « Le prix d’une chose est la quantité de vie qu’elle exige en échange – immédiatement ou sur le long terme ». Aujourd’hui il est impératif de comprendre que « l’Homme et l’avenir de l’Homme » (Francis Ponge), et les mondes que nous concevons mentalement ne sont que de courtes citations de l’Odyssée de l’impermanence ; au même titre que, je cite Ralph Waldo Emerson, : « chaque Homme est une citation de tous ses ancêtres ». Mais que nous reste t il de ce superpouvoir ? Aujourd’hui de plus en plus convaincu que la raison est au dessus de tout, nous nous sommes empêtrés dans une société sur-productive dans laquelle nous agissons de manière ridicule ; abrutis par les dogmes du consumérisme et si loin de nos besoins primaires. La société vampirise chaque jour un peu plus le vivant. Aujourd’hui il est impossible de penser un monde meilleur sans aborder les problématiques écologiques.

4/ l’écologie


L’écologie c’est la science qui étudie les interactions et les relations des êtres vivants avec leur environnement, ainsi qu’avec les autres êtres vivants. (Définition Larousse). En 1872 l’écrivaine George Sand anticipait déjà l’effondrement écologique ; elle décide de soutenir les peintres « zadistes » de la forêt de Fontainebleau, une source d’inspiration romantique chère à leur cœur :

« Si on y prend pas garde, l’arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par dessèchement sans cataclysme nécessaire, par la faute de l’homme ». La romancière entretient une intimité de la « nature », à cela s’ajoute une grande connaissance des science naturelles. Fontainebleau est sa forêt romantique, elle écrit « Tout le monde à droit à la beauté et à la poésie de nos forêts, de celle là particulièrement, qui est une des belles choses du monde […] ». Sa pensée apparentée aujourd’hui à ce que nous appelons le développement durable dresse les bases de l’écologie. En effet assimilant la « nature » à un bien commun, - si tardivement c’est tout de même assez dramatique -, elle obtient gain de cause et la forêt de Fontainebleau devient le premier parc national au monde, bien avant le parc de Yellowstone aux États-Unis. Malheureusement, et au travers de cet exemple remarquable du XIX ème siècle, nous pouvons aussi constater le mépris de nos dirigeants à l’encontre des générations futures, puisque s’en suit l’avènement catastrophique du productivisme, fer de lance « contre-nature » d’un nouvel ordre mondial : la croissance économique, Le capitalisme. Aussitôt les industriels ont le champ libre, libre à eux de fixer les normes de pollution, la politique du laisser-aller bat son plein et ouvre définitivement la cage aux lions. Façonné par la fabrique du bonheur (plus de temps libre, croissance exponentielle, compétitivité,…), le salariat dévient l’oripeau du citoyen lambda, et ce modèle accentuant gravement la lutte des classes assène le coup de grâce en accouchant du consumérisme.

5/ Le consumérisme


Qu’est ce que le consumérisme ? C’est une forme de nouveau mode de vie à la faveur de l’hédonisme comme principe de plaisir, où le narcissisme grimpe en flèche, ainsi que les troubles psychologiques (fatigue, stress, dépression…), où le divertissent permet de mieux dominer et laisse miroiter plus de liberté, en proposant toujours plus de choix monétisés alors que c’est l’effet inverse qui se produit. Les conséquences de ce nouveau modèle sont désastreuses, autant pour la planètes que pour l’Homme. René Guénon, dans son ouvrage La crise de l’Homme moderne , écrivait : « […] mais quelle singulière époque que celle où tant d’hommes se laissent persuader qu’on fait le bonheur d’un peuple en l’asservissant, en lui enlevant ce qu’il a de plus précieux, c’est-à-dire sa propre civilisation, en l’obligeant à adopter des mœurs et des institutions qui sont faites pour une autre race, et en l’astreignant aux travers les plus pénibles pour lui faire acquérir des choses qui lui sont de la plus parfaite inutilité : ». Aussi Voltaire écrivait : « Il est impossible, dans notre malheureux globe, que les hommes vivant en société ne soient pas divisés en deux classes, l’une des riches qui commandent, l’autre des pauvres qui servent, et ces deux se subdivisent en mille, et ces mille ont encore des nuances différentes. ». Acter aujourd’hui pour un monde meilleur passe par la compréhension du monde d’hier, mais il faut aussi être capable de considérer des choix défaillants qui datent depuis des millénaires de civilisation ; car les pensées qui structurent le fonctionnement sociétal sont profondément solidaires d’un rouage extrêmement interdépendant. Par exemple un pan de notre philosophie occidentale s’en réfère encore aux textes des penseurs grecs, qui par ailleurs sont la source du racisme à travers le monde, légitimant ainsi l’esclavagisme et l’impérialisme ; ou encore la discrimination sexuelle et le traitement des animaux.

Aujourd’hui le débat public traite de tout et de n’importe quoi, les potins people ont bien souvent plus la cote que les investigations géopolitiques, et un chat fera un buzz planétaire sur l’actualité de votre réseau social favoris alors que les rapports catastrophiques du GIEC seront relayés au second plan. C’est à se demander si la bêtise humaine n’est pas proportionnelle à l’expansion du capitalisme ; je citerais Coluche : « L’horreur est humaine », car dans le grand détournement des consciences, commandité par les technologies de l’information toujours plus efficaces en matière de propagande démocratique et totalitaire, chacun de nous est bel et bien coupable d’inaction ; et même si une belle part n’en ont pas vraiment conscience, nous avons aujourd’hui toutes les armes ainsi que l’intelligence pour nous en défendre.

6/ L’urgence climatique


Je considère l’urgence climatique comme l’un des grands combats de notre siècle, et loin de moi l’idée de fermer les yeux sur les autres dysfonctionnements majeurs de nos sociétés, mais il faut reconnaître que si l’humain s’éteint la société n’est plus qu’un concept dans le vent ; mais j’irais encore plus loin, et en conscience de mes privilèges d’occidental, je pense profondément que la « Nature » est au cœur de tous nos problème. Je sais aussi que pour de nombreuses personnes il en est de même, et l’écologie n’est pas ce mouvement bobo d’occidentaux ou encore de néo-hippies quittant les métropoles pour perpétuer le culte des toilettes sèches ; non l’écologie c’est notre devoir plus qu’un engagement politique. La division a beau être l’une des plus anciennes mécaniques biologiques, ce n’est pas une raison pour la perpétuer sans relâche au sein de nos communautés. Mais je dois reconnaître que depuis plusieurs années je ne sais plus sur quel pieds danser, la masse d’information traitant du sujet environnemental est si massive qu’il n’est pas facile de se faire une idée claire de la situation. La collapsologie nous dresse un tableau désastreux. Et nos gouvernements ont si bien déplacer le problème à l’échelle individuelle que la culpabilité a accompagné tout mes actes du quotidien pendant une longue période ; je décide de laisser de côté le sujet du climato-scepticisme... Il a fallu aussi prendre conscience des biais culturels, le fait pour une personne de juger et interpréter uniquement à travers les filtres de ses propres références culturelles, puisqu’il est bien-aisé de reporter la faute sur l'autre ; ajoutez à cela une longue introspection quotidienne, la quête d’informations que je considère fiables, des observations personnelles et de longues échappées belles dans les montagnes pour enfin éprouver toutes la gravité de la situation environnementale. Puis j’ai finis par saisir un point important, que Chico Mendes, militant syndicaliste brésilien assassiné en 1988, développe de son vivant : « l’environnementalisme sans lutte des classes, c’est du jardinage ! ». Pour Mendes combats écologiques et anticapitalistes ne peuvent aller l’un sans l’autre. Dans son manifeste du parti communiste, Karl Marx, en 1848, écrivait : « chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroitre sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses ressources durable de fertilité. Plus un pays […] se développe sur la base de la grande industrie, plus ce progrès de destruction s’accomplit rapidement. La production capitaliste ne développe donc la technique […] qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travail ». Et j irais encore plus loin en disant qu’une révolution écologique ne peut avoir lieu sans une révolution féministe ; en effet la domination culturelle du masculin n’a que trop durée et représente l’un des plus grands fléaux de nos sociétés. En perpétuant indéfiniment ces viles préconceptions de la femme, les hommes se rendent coupable d’un écocide sans précédent, il en va du sauvetage généralisé de la « nature ». Dans son livre « la domination masculine » Pierre Bourdieu s’est attaché à décrire les rapports de domination entre les individus d’une société, et tente d’expliquer la pérennité de la vision « androcentrique » (uniquement ou en majeure partie sous le point de vue des êtres humains de sexe masculin) ; et selon lui ce schéma se perpétue du fait de la violence des hommes, des habitudes inconscientes des femmes et du rôle des institutions (famille, église, école, Etat). On parle même d’une excroissance de la masculinité toxiques. Je trouve alors intéressant d’aborder le concept d’éco-féminisme de Françoise d’Eaubonne, audacieuse contraction empruntée à la pensée de Simone de Beauvoir et de Serge Mascovici, qui assimile les femmes à la « nature », pour mieux dénoncer la domination masculine. Plus récemment nous pouvons citer le combat de l’indienne Vandana Shiva, prix Nobel alternatif 1993, égérie éco-féministe qui lutte pour la biodiversité et contre le brevetage du vivant. Depuis 1982, avec l’aide de son ONG Navdanya, elle a formé des milliers de paysans à l’agriculture biologique. « Il nous faut prendre pleinement conscience que les concepts de productivité et de croissance qui nous ont été présenté comme positifs, universels et synonymes de progrès ne sont en réalité que l’expression d’une vision patriarcale étriquée. » (extrait de Restons vivantes). Personnalité très controversée elle n’en est pas moins l’une des féministes les plus influentes du monde. Selon Françoise d’Eaubonne : « Le rapport de l’homme à la nature est plus que jamais, celui de l’homme à la femme. », « […] encore plus que de révolution nous avons besoin de mutation. ». Elle appelle au pacifisme et à la non-violence ; avant la lutte des classes il y a eu lutte des sexes (société d’amazones gynocratique, la société patriarcale gréco-romaine,…). Elle condamne la tournure phallocratique de l’histoire et en appelle à l’équité. « Il n’est pas question de répéter l’histoire : nous l’avons dit, la gynocratie a fait ses preuves, tout comme le communisme primitif […]. Le seul objectif est de détruire jusqu’à la notion même de pouvoir : alors, et alors seulement, le prolétariat se nier en tant que prolétariat, et les femmes s’assumer en tant qu’universalité : la race humaine.». Malheureusement le poids des normes sociales additionnés à l’épidémie de consumérisme détourne bon nombre d’entre nous d’une vision panoramique. Abrutis à grands coups de publicités nos cerveaux nous cloisonnent derrière un écran de fumée et nous perdons l’unité du Soi, convaincu qu’il faut suivre le troupeau pour rentrer sain et sauf à la bergerie. Puis il me semble que nous nous frottons à un mur virtuel : puisque le fait de conscientiser toutes ces défaillances sociétales, sans par la suite favoriser d’action profonde, a la même valeur que « l’écologie superficielle ». En effet selon Arne Naess, philosophe à l’origine du concept « d’écologie profonde » en 1973, nos sociétés ne font qu’appliquer une « écologie superficielle » (shallow ecology), qui se cantonne à lutter contre la pollution en aval des industries, et l’épuisement des ressources, en se bornant à culpabiliser un maximum le consommateur. Naess fut fortement critiqué, notamment par le philosophe français Luc Ferry, qui considère la pensée du philosophe norvégien comme « dangereuse et antihumaniste », considérant le mouvement écologiste de Naess comme étant intégriste, et notamment du fait d’accorder une valeur intrinsèque aux autres formes de vie non-humaine ; Luc Ferry étant un de ces penseurs positif du système dominant, qui vantent le « modernisme » comme voie royale de l’humanité, pour lui existe une frontière infranchissable entre l’homme et l’animal ; voilà un extrait du manifeste de « l’écologie profonde » ou deep ecology, considéré par bon nombre de penseurs comme étant trop radical, à vous de vous faire votre avis : « 1 – le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur la terre sont des valeurs en soi ; […] 3 – les humains n’ont aucun droit pour réduire cette richesse et cette diversité, si ce n’est pour satisfaire des besoins vitaux […] ». On est bien loin des propos de Ferry critiquant la vision de Naess comme antihumaniste, bien au contraire on constate qu’il est plutôt question de s’inscrire dans le fil d’une longue tradition écologique, et faire appel à une autre conception de l’action de l’Homme dans l’environnement. Si ce que l’on nomme comme la « modernité » conduit à une transformation de la « nature » dommageable à l’Homme et aux autres être vivant, alors il faut bien accepter de la remettre en cause. L’écologie n’est plus uniquement le parloir de la philosophie et d’un mouvement d’écrivain romantique, aujourd’hui elle s’appuie sur la science, et celle-ci nous apprend qu’il existe une continuité secrète entre tout les êtres vivants. Bref tant qu’on nous submergera de marketing étiqueté éco – bidule et qu’on continuera à nous bassiner sur « les petits gestes » du quotidien alors qu’une 20 aine d’entreprises sont responsables de plus de 35 % de la pollution mondiale, et vous savez quoi ce sont toutes des industries pétrolières ; Bref les industriels se lavent les mains tandis que le consommateur lambda en est encore à confondre la poubelle jaune et la poubelle bleu. Par contre attention, je ne dis pas que les petits gestes sont inutiles, puisqu’ils s’inscrivent dans un engagement de modifications profondes des consciences en modifiant les habitudes du quotidien, et pour un monde d’après, et meilleur je l’espère.

Néanmoins ces « bonnes actions » pour la planète ont aussi un effet pervers, conférant au consommateur une dose de bonne conscience en pensant agir pour l’environnement ; cependant ces actes sont marginaux ; et seuls des boycotts massifs, des modes de vie plus résilients (lorsque cela est possible), et l’arrêt généralisé des énergies carbonées ont un réel impact ; cependant ces actes citoyens sont peu appliqués. Malheureusement les chiffres sont consternants, et depuis 40 ans de prise de conscience écologique la courbe du désastre écologique n’a fait qu’augmenter. Naess pense qu’il faut remettre à plat le rapport qu’entretient l’Homme à la « nature », il insiste sur l’urgence de repenser l’opposition Nature/Culture, et nous rappelle que l’expression « sauvez la planète » est une vision anthropocentriste ; puisque pour bon nombre d’entre nous c’est surtout les humains qu’il faut sauver. Nous vivons aujourd’hui une crise avant tout humaine due à la perte de nos valeurs. Il faut absolument élargie la sphère morale au vivant non-humain. Il faut une écologie profonde admise et comprise par tous, et rigoureusement appliquée par nos gouvernements.

Malheureusement aujourd’hui, ce genre de doctrine est fortement critiquée et considérée comme antihumaniste. Pourtant cette vision Spinoziste radicale semble intégrer l’intensité des actions nécessaires pour faire face à ce monde profondément narcissique, ne mesurant plus dans quel extrême il a décidé de vouer son existence « contre nature ».

Depuis plus de 50 ans nous avons adopté le concept de développement durable ; une façon de concilier la croissance économique et la protection de l’environnement, cependant l’un a pris l’ascendant sur l’autre (diminution de la biodiversité ultra rapide, pollution de l’air, augmentation des températures, fonte des glaces, augmentation des inégalités, augmentation de la précarité,…).

Par ailleurs les PIB augmentent dans les pays développés et ne bénéficient qu’aux populations favorisées. Ainsi le développement durable laisse une libre interprétation de ce qui est « durable » ou de ce qui ne l’est pas. Et de l’idée de départ qui était d’assurer un avenir aux générations futures il ne reste que des miettes et un horizon peu rassurant. Aujourd’hui le constat est sans appel, avec le développement durable nous n’avons rien résolu des question environnementales du 1er sommet de la Terre à Stockholm en 1972, si ce n’est le problème du trou de la couche d’ozone causé par les CFC, remplacés par les HFC, économiquement plus rentables. En voulant nous accorder sur nos besoins et le respect de l’environnement, le développement durable est devenu un paradoxe qui a finis par accentuer les problèmes que nous souhaitions corriger. En effet pour combiner croissance et environnementalisme il a favorisé le progrès « high tech ». C’est un échec cuisant que nous nous efforçons encore d’appliquer. A l’heure actuelle, et au vue des observations toujours plus dramatiques du GIEC, et du constat visible que d’une année sur l’autre le changement climatique se fait de plus en plus pesant, nous savons, même si certains se drapent d’ignorance volontaire, que nous allons droit dans le mur ; pour ne pas dire vers une régulation ultra radicale de l’Homo Sapiens, sans compter l’extinction de masse déjà en cours et des modifications atmosphériques durables du globe, qui prendrons plusieurs millions d’années avant de se réguler. Alors résilience et sobriété apparaissent comme les dernières bouées de l’humanité, mais à la condition qu’une vrai décroissance soit appliquée ; cependant libre à vous de préférer l’indignation : malheureusement cela n’aura aucun effet sur le monde de demain, le monde de vos enfants ; d’autres préfèrerons continuer de cultiver la haine, qui finira par dévorer irrémédiablement les derniers reliquats de notre humanité. L’écologie c’est bien plus qu’un choix, c’est d’après moi un devoir, cessons de la voir comme un sacrifice alors qu’elle est avant tout une source de joie.


Une étude du national institute of standards and technology a permis de mettre en évidence que les personnes urbanisées étaient d’une manière générale moins au fait des sujets environnementaux que ceux vivant à la campagne. Or aujourd’hui plus de 55 % de la population est urbanisée, et les prévisions sont sans appel et laisse entrevoir le monde de demain, si monde il y a encore, avec un effectif doublé d’ici l’horizon 2025. La démographie humaine évolue à une vitesse folle, notons qu’en 1950 la population mondiale était estimée à 2,6 milliards d’individus, en 1987 elle atteint 5 milliards et actuellement est estimée à plus de 7,7 milliards. Cette croissance effrénée au cours des deux derniers siècles tient en grande partie aux progrès de la médecine moderne et à l’amélioration du niveau de vie. Aujourd’hui il est d’une importance capitale d’informer le public qui ne sait plus où donner de la tête, de former, d’assurer un suivi et par ailleurs d’accompagner financièrement, pour que chacun s’engage durablement dans le monde de demain, un monde plus sobre, simplifié, où le respect de l’environnement sera une valeur intrinsèque, et où le niveau de vie ne sera pas calculer en terme d’accumulation de biens mais un BIB (bonheur intérieur brut), et débarrassé de son critère sur la croissance économique. Mais est- ce bien réaliste ? Je me le demande. Au lieu de culpabiliser et favoriser ces pseudo – lois environnementales, nos politiques doivent favoriser la formation citoyenne, des plus jeunes jusqu’aux plus âgés, et l’information doit être la même pour tous : précise, vulgarisée, proposant des solutions à la mesure de chacun mais efficaces, encourager et financer les initiatives à toutes les échelles ; un exemple radical doit être mis en place sans attendre.

Nous savons que cette dynamique doit venir de nos politiques, ils sont la clé de voûte du changement ; mais cette bonne vieille rengaine sonne à mes oreilles telle un vieil instrument désaccordé… Puisque nos gouvernements continuent de soutenir cette croissance meurtrière il faut que la masse humaine prenne une initiative éclair et planétaire . Mais comment s’accorder alors que le monde se divise chaque jour toujours plus ? La rhétorique ne nous préservera pas des catastrophes naturelles et humaines déjà en cours, il faut agir maintenant pour nos enfants, notre planète, notre essence profonde.


« Chaque matin quand je me réveille, je me demande si je devrais écrire ou faire sauter un barrage. » Derrick Jensen, activiste partisan du sabotage environnemental, auteur controversé de plusieurs ouvrages critiquant la société contemporaine ; il pointe du doigt tout ces « faux-espoirs » tels que le pacifisme et la non-violence qui sont inefficaces face à la violence des Etats. D’après lui nos sociétés sont uniquement basées sur la haine, la malhonnêteté et sont infiniment destructrices.

Pour faire face à ces grands enjeux du XXI ème siècle il a fondé en 2011, avec Lierre Keith et Aric McBay, l’organisation écologiste DGR (Deep Green Resistance) qui prône des formes d’actions radicales. Les membres de l’organisation pensent que notre civilisation industrielle va s’effondrer, ainsi ils soutiennent un mouvement de résistance actif dans le but d’accélérer cette chute. On adhère ou pas, mais l’impact d’un tel militantisme est bien réel. Aujourd’hui nous sommes encore nombreux à croire naïvement que les petits gestes du quotidien sont suffisants ; attention loin de moi l’idée de critiquer ces actes louables, je suis le premier à les appliquer ; cependant il est avéré qu’ils ne suffiront pas. DGR insiste précisément sur ce point ; d’après eux une partie du problème vient du fait que nous avons été victime d’un campagne de désorientation systématique, que la culture du consommateur et la mentalité capitaliste nous ont appris à prendre nos actes de consommation personnels (ou d’illumination) pour une résistance politique organisée. En effet prendre des douches plus courtes, utiliser des ampoules basse consommation, réduire l’utilisation de son véhicule ou faire le tri sélectif n’a strictement rien à voir avec l’arrêt de la croissance économique monstrueuse détruisant la planète. Même si tous les américains respectaient les recommandations du documentaire « une vérité qui dérange » sortie en 2006, les Etats-Unis seraient encore bien loin des recommandations du consensus scientifique. L’essayiste américain Kirkpatrick Sale, écologiste « néo-luddite », c’est-à-dire partisan d’un activisme écologique contre le progrès technique ou anti-industrielle, écrit : « Ces 15 dernières années, l’histoire a été la même chaque année : la consommation individuelle – résidence, voiture privée, etc. – ne représente jamais plus que un quart de la consommation totale d’énergie ; la grande majorité vient du commerce, de l’industrie, des entreprises, des agro-industries, de l’armée et du gouvernement. Alors même si on se mettait tous à rouler à vélo et à se chauffer au bois, ça n’aurait qu’un impact négligeable sur l’utilisation de l’énergie, le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique ». Le changement personnel est loin d’être un acte politique fort, encore moins un acte révolutionnaire, et il est infiniment loin d’atteindre les objectifs obligatoires à atteindre en terme de changement social.

Si nous revenions tous à l’âge de pierre tandis que les industriels continuaient de produire avec acharnement cela ne serait pas suffisant mais la décroissance serait inévitable.

Selon Derrick Jensen trois choix s’offrent à nous :


1- On ferme les yeux et nous continuons à être un bon gros capitaliste, et à court terme nous pouvons dire que nous gagnons puisque nous accumulons des richesses, mais nous perdons inévitablement notre « humanité animale » et notre empathie, puis nous perdons vraiment puisque la société industrielle tue la planète.


2- On choisit la vie alternative, on se créait un cocon pour être résilient et on cultive la sobriété faussement heureuse puisque nous laissons la société industrielle perdurer et détruire encore la planète. C’est une forme de déni ; mais encore une fois tout le monde est perdant.


3- Le choix de DGR, agir délibérément pour stopper l’économie industrielle en prenant le risque de se faire emprisonner, voir tuer par ceux qui exploitent le monde.

Evidemment nous pouvons philosopher sur ce qu’est le choix, sur le concept de libre arbitre ou encore voir la tournure des évènements comme une fatalité. Mais les faits sont là. Depuis la révolution industrielle nous avons laisser grandir un dragon qui aujourd’hui est hors de contrôle et extrêmement destructeur.

Parfois je fais ce rêve audacieux d’un monde où les Hommes choisiraient délibérément la décroissance du jour au lendemain, s’émancipant collectivement du pétrole et de l’argent pour un monde solidaire guidé par une morale transcendantale.


Alors que faites-vous pour un monde meilleur ? Pensez-vous que cela vaut la peine d’engager son existence pour rendre le monde meilleur, ou est – ce une cause perdue, et le bonheur, pour toi, ne se mesure t il qu’au plaisir individuel ? Crois-tu qu’il est trop tard ou qu’il vaut mieux tard que jamais ?

Au final nous allons tous mourir, mais si nos enfants ont la chance de survivre dans ce monde d’après, auront-ils dans leur cœur cette conscience de l’écho pour les guider vers une réalité unifiée, au-delà des viles pathologies de Sapiens, dans un monde où nature et culture ne font plus qu’un.

Aurore

La nature est tout ce que l’on voit.

Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.

Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,

Tout ce que l’on sent en soi-même.


Elle est belle pour qui la voit,

Elle est bonne à celui qui l’aime.

Elle est juste quand on y croit

Et quand on la respecte en soi-même.


Regarde le ciel il te regarde,

Embrasse la terre, elle t’aime.

La vérité c’est ce qu’on croit

Et la nature c’est toi-même.

George Sand

O4V





bottom of page