Voilà quelques semaines désormais que la vie suit son cours, que l'hiver tente timidement de s'installer au Nord Ouest de la Bulgarie, que la pluie et quelques journées ensoleillées se jouent du cycle habituel des herbes, des plantes, des forêts. Mon quotidien est rythmé par l'envie de laisser un fragment d'âme en bricolant ci et là des infimes facettes de Merope, échanger des visions poétiques avec Annelies, prendre soin l'un de l'autre dans le silence, ressentir la forêt durant des marches silencieuses, avec les chiens - gardiens des lieux, nourrir mon corps de délicieux mets cuisinés au feu de bois, reprendre mes notes de marche pour planer dans le passé et abreuver mes pensées de lectures diverses et variées. Le temps est suspendu ici, peu à peu la lumière reprend du terrain sur les journées et mes pieds mes jambes répondent silencieusement à l'appel des longues marches à venir. J'ai soif de voir, d'entendre et de rencontrer ce qui se prépare secrètement dans mon avenir. Tout est dans l'équilibre et chaque jour je peux ressentir toujours plus le poids de cette balance qui se symbolise dans chaque instant. Les visions de l'esprit semblent s'offrir à moi tel un chemin de l'origine, aller à la rencontre de soi c'est aussi aller à la rencontre de l'autre et de ce qu'il a à offrir de meilleur et du pire parfois. Je veux entendre la poésie de chacun, par les mots, le regard, l'immobilisme ; je rêve d'expériences toujours plus sauvages, franchir les barrières de la psyché pour cueillir ces pommes primitives, mordre dans l'acidité primordiale pour raviver mes cellules archaïques, m'envoler vers l'horizon d'une nuit noire et voir au delà. Est ce que le Monde brûle ou n'est ce qu'un mirage, devons nous retisser avec le fil de nos croyances ancestrales, est ce que les Hommes deviennent fous ou est ce l'évolution... Où est donc la neige, les perces neige, la douceur de la nouvelle année. Au fond de moi je peux sentir la mémoire du Monde s'indigner, mais suis je honteux pour autant. Je voudrais fendre l'air tel un aigle et balayer de mes serres le mal qui nous consume tous. Existe t il encore une magie assez puissante pour soigner les coeurs malades qui errent maladroitement vers l'inévitable cycle des réincarnations. Devenir ce grand arbre, axe du monde, supposé nous ancrer tous dans notre nature mère tout en gardant la tête haute, le regard porté vers les étoiles, source guérisseuse de nos rêves matérialistes. Le Printemps arrive peu à peu, il sera bientôt temps pour moi de reprendre la marche, sur les traces de l'empire Ottoman, sur les pas des mystiques Soufi, dans le sillon des vents immortels portant vers l'Est le souvenir d'un passage à L'Ouest. J'aime l'idée de vivre ma vie. J'aime rire de tout, de moi; et ma mère me manque.
O4V
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