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La Touchétie et plus encore


« Je n’ai pas besoin d’être certaine du salut de la planète et de ses habitants pour croire à la nécessité du bien et du beau : si la planète sort de cette loi, elle périra. »


correspondance

« Il y a de moi en tout, il y a de tout en moi. »


George Sand


Mais que se passe-t-il au fond de moi, serait-ce ce refrain si cher à mon cœur, et qui m’entraine, et qui me fige et me bouleverse ; qui chuchote à tue-tête : « fais un choix » ; pourtant mon regard fixe toujours avec une intense curiosité l’Est ; et ce tout m’entraine dans une danse où chaques pas s’improvisent sans hâte, semant dans leurs sillons le mystère amoureux, un mystère tout court, une traînée de mémoire. Déjà déboussolé par tant de possibilités, tant de choix à contourner, et bien me voilà de nouveau prisonnier de moi-même, avec pour barreaux la voûte de mes rêves. Le soleil brûlant du Caucase m’invite à reprendre la route vers les hauteurs, il faut partir, et des larmes me brûlent les yeux, mon cœur abreuve mes doutes d’une douce chaleur ; je pleure, je souris, je ris, et lentement je deviens aveugle. Oui depuis ce matin je perds de vue mon horizon du levant ; alors que j’étais encore avec elle une seconde fois. Et je ne vois plus qu’elle, une lune d’argent où mes fougueuses passions convergent ; sa peau laiteuse, son regard bleu persan, son aura rêveuse et ses lèvres susurrant le plus doux des silences. Et pourtant je veux partir parcourir le monde, et pourtant à cet instant elle est un nouveau monde à explorer, à connaître, à embrasser, à enlacer et à aimer ; je pense déjà à ne faire qu’un. Comment ne pas tomber sous le charme de Julya, son visage lacté, sa beauté boréale, chaque détail chez elle est un appel à l’étreinte. Sa Russie natale vibre dans la force pure de son innocence, je crois que je peux sentir l’immensité sauvage lorsqu’elle fixe mes yeux ; ses pensées m’envoutent d’un mystère sibérien. Chez elle persiste une force animale indicible, telle une harfang brisant le vent glaciaire de ses ailes immaculées ; je voudrais être à ses côtés pour la voir prendre son envol, l’irradier du soleil qui dévore mes cellules ; juste être là, puis entendre résonner les premiers battements du tambour du destin.

Alors il est tant de retourner dans les montagnes mon gar, oui il est temps de déployer ton filet à papillons dans les hauteurs caucasiennes, là-haut il y a des réponses c’est certain. La ville endort tes instincts, elle rouille la vigueur de ton esprit et enchaîne tes pas. Je tourne en rond ici, dans les parcs, dans les ruelles, dans les pensées confuses de la foule ; Tbilissi me traîne dans la poussière, quelle étrange énergie, je me disperse si facilement dans les artères d’une ville. Maintenant il faut choisir une porte de sortie pour puiser le grand air vers mes idées emmêlées.

Me voilà à Telavi, Tel-Aviv m’a dit le chauffeur de bus en souriant, c’est une petite cité géorgienne, capitale administrative de Kakhétie, soit dit en passant un bon point de départ pour arpenter le célèbre vignoble du pays. C’est un endroit agréable, bordé de massifs montagneux notamment celui de Tsiv-Gambori. Mais Julya occupe encore toutes mes pensées, du moins presque car ma libido volcanique mute mon regard en tête chercheuse ; raison de plus pour partir dès demain vers Artana, point de départ d’une longue marche flirtant avec la frontière Russe et Tchétchène ; mes pensées étant déjà bordées par une moscovite. Je me sens à la fois si proche et si loin de moi-même, bref je suis paumé, puis bien que j’utilise une carte hors ligne pour m’orienter je ne sais pas vraiment où mes pas me mènent.

Venons-en au fait, j’arrive à Tel Avi en début d’après midi, je dépose mon sac chez Tanya dans une auberge de jeunesse sommaire ultra chaleureuse, ici je suis seul dans le dortoir, et un ancien commandant des armées occupe une chambre au rez-de-chaussée, dans l'attente d’une sérieuse opération du cœur. Après une brève visite de la ville, je fais un tour au bazar pour m’approvisionner pour quelques jours d’autonomie en montagne, puis file m’envoyer deux pintes dans un bistrot, mon cerveau appelle l’alcool, il appelle l’oubli et je cède ; l’alcool et le doute forme un drôle de ménage mais en soit ça passe le temps, n’est-ce pas ? Ah et aussi j’écris ; puis je me demande où est mon chez moi, celui dont je rêve : proche des bois, traversé d’une rivière, orchestré par le chant des oiseaux, où les pierre blottissent la mémoire du lieu, où mes enfants galopent pieds nus sur l’herbe sauvage, où celle que j’aime fleurie en chaque instant et peu importe la saison. Oui cette douce rengaine à laquelle s’accrochent mes racines nomades. Je veux une immense famille, de celle où les espèces ne sont plus qu’un coup de pinceau sur une toile magistrale, où la peinture ne sèche jamais, où le champ de l'existence est hors cadre ; oui c’est probablement bien naïf, et pourtant je rêve d’un monde sans aucune forme de violence, où les corps se nourrissent d’amour un point c’est tout.

Difficile de sortir du lit ce matin, après plus d’une semaine dans des auberges miteuses truffées de moustiques et de ronfleurs gorgés de bière, le calme de la maison de Tanya est un délice. À 10h15 je me décide, je saute du lit, fais mon sac, une toilette de chat, avale 2 énormes pêches bien juteuses, dis au revoir à Tanya, une hôte si bienveillante, puis je file trouver une navette pour aller vers Artana.

Il est 20h30, je suis sous ma tente désormais, après 6 heures de marche depuis la plaine de Kakhétie vers les premiers étages subalpins, une ascension intense mais majoritairement à l’ombre des grands arbres ; j’ai craché les abus citadins pendant ce décrassage express. Désormais je suis paré pour marcher vers le cœur de la Touchétie. Julya est toujours agrippée à mes pensées, mais je côtoie de nouveau les nuages, et peu à peu elle s’évapore du registre obsédant, et je l’intègre au souffle de la marche ; mais j’aimerais qu’elle soit avec moi, partager ces horizons avec elle. Est-ce que l’aventure que je mène est compatible avec une escapade amoureuse ?

Hier vers 11h je parviens enfin sur une ligne de crête à environ 2500 mètres d’altitude, j’ai pas mal craché les clopes grillés à Tbilissi, mais j’ai retrouvé mon souffle de marche, mon rythme est de nouveau bien cadencé, en avant ! La météo est superbe et je peux déjà distinguer le prochain étage de la randonnée. Certains passages sont acrobatiques, autant en descente qu’en montée, souvent vertigineux et j’éprouve de nouveau cet immense plaisir de marcher hors des sentiers balisés ; il faut lire le paysage et parfois même faire preuve d’audace pour défier le relief à pic des hautes vallées. Fort heureusement il y a de l’eau partout et je n’ais pas besoin de trainer des litres sur le dos. Physiquement je fais l’effort mais en fin de journée les crampes ne sont pas bien loin. Peu à peu je me réaligne. J’y vois plus clairement. Aujourd’hui en début d’après midi, jour 2 donc, je tombe sur un foisonnement d’indices qui m’indiquent que je suis en territoire des ours : une forêt mixte à 2000 mètres plongeant vers une rivière, de nombreux excréments, des pierres retournés, de jeune arbres écimés, une tanière désertée, des flagrances qui ne trompent pas ; c’est tellement excitant d’être chez eux. Alors je revêt mes semelles de velours et replies mes bâtons de marche, je suis à bon vent et j’espère avoir l’opportunité d’en apercevoir un. Je repense à la belle prose de Baptiste Morizot lorsqu’il aborde l’art du pistage, pour lui une forme de géopolitique : « Pister, c’est l’art d’enquêter sur l’art d’habiter des autres vivants ».

À 16h je croise deux marcheurs venant de Shatili, ils saluent ma motivation pour faire l’itinéraire dans ce sens en solitaire, puis ils me conseillent de trouver refuge chez les bergers à 2 kilomètres plus haut car sur les sommets le ciel grondent méchamment. Mais l’impression de ne pas avoir avancé aujourd’hui me tiraille et je veux bombarder vers les crêtes avant que la nuit ne tombe ; je ne suis pas bélier par défaut. Bref la suite se passe exactement comme je l’avais imaginé : à l’approche du camp des bergers les chiens se mettent à aboyer, l’un d’eux vient précipitamment vers moi pour se tailler un bifteck dans mes mollets et un mec massif taillé dans le granit le remet à sa place en hurlant ; il me guide jusqu’au camp et m’invite à m’asseoir tandis qu’il reprend son activité avec un autre, la quarantaine, ils émiettent une énorme meule de fromage frais dans une grande marmite en y intégrant du gros sel, dernière étape avant le moulage final ; Ils me font goûter les deux étapes et mon cœur balance pour le fromage non salé. Évidement le sel est un élément inévitable pour la conservation de ces fromages. Ici tout est ultra rudimentaire. C’est un fromage qui appelle la soif, mais lorsqu’on voit la nature environnante, splendide, on ne peut s’empêcher de l’associer au goût du fromage et desuite il prend une autre dimension gustative. Ces montagnards le savent bien : la nuit va être très orageuse ; ce n’est pas malin de grimper là haut à cette heure-ci. J’accepte donc leur invitation et tente de communiquer avec eux comme je peux, la plupart parlent turc, certains sont azéris. Leur hospitalité est d’une spontanéité exemplaire ; je suis profondément touché. Ils me servent à manger du pain maison, des khatchapouris au fromages (pain plat traditionnel fourré), legumes frais et je trinque avec eux avec un vin orangé fort gouleyant, mais cul sec. Mais au fond ça me gène je n’ais rien à donner en retour. Ils ont la vie rude dans ces montagnes, leur camp est très sommaire, de bric et de broc, la plupart dorment à même le sol sur des peaux de moutons, et leurs tentes sont couvertes d’un patchwork de bâches plastiques rafistolées. Ils sont 6 à vivre ici, des hommes tannés par le climat féroce et un travail manuel ancestral. Mais leur vie a aussi cette dimension incroyable et la plupart d’entre eux ne changerait pour rien au monde de métier. Ils jonglent aisément avec 3 langues, dans leurs regards pétillent la patience des montagnes ; 8 chevaux, 10 chiens, quelques chèvres d’une race fort ancienne pour mener un gros cheptel de brebis mi touche mi merinos, tout autant rustiques et pour la plupart cornues. Nous partagerons deux repas ensemble avant d’aller rejoindre la tente pour dormir à la tombée de la nuit ; cette soirée parmi eux m’intimide et me fascine, ces hommes ont quelque chose que beaucoup d’autres n’ont pas. La nuit est une succession de pluies diluviennes, je remercie autant de fois que possible la chance que j’ai d’être ici.

Debout 7h30 et ils sont déjà tous à leur poste, d’eux d’entre eux mènent deux troupeaux vers les hautes estives et les 4 autres s’affairent à la traite ; je contemple ce quotidien hors norme et j’attends patiemment qu’ils aient terminé pour reprendre la route, le soleil est au beau fixe après cette nuit orageuse. Avant de partir ils me filent de quoi manger pendant 2 jours ; mon sac va être lourd mais j’accepte, du fromage frais et du pain frais au fromage comment résister ; pas de repas sans fromage ici

Au moment où j’écris ces lignes j’ai enfin atteint les hautes cimes au-delà des 3000 mètres et je remercie le hasard de m’avoir guider chez ces bergers car l’ascension fut très intense, puis sans possibilité pour planter la tente.

Je suis sur les crêtes désormais, les majestueuses montagnes du haut-Caucase culminent à l’horizon, un panorama surréaliste autour de moi, d’immenses vallées gorgées de rivières torrentielles, d’épaisses forêts mixtes défiant la gravité à plus de 2500 mètres d’altitude, des estives fleuries idylliques ; et je repense alors à ces 6 bergers, ces montagnards du Caucase, héritiers d’une longue tradition pastorale, un Caucase à l’ethno-culturalité intensément riche. Je repense à ces hommes au caractère fort, à ce temps suspendu passé auprès d’eux, alors qu’ils échangent en turc, géorgien et russe, et sûrement sur leur quotidien dans ces massifs. Leur gentillesse est pure et désintéressée, elle réchauffe le cœur et me rappelle à une simplicité essentielle ; en quelques minutes je suis intégré à leur quotidien, ils me tendent du pain, du fromage, du vin, ils me sourient, cherchent à communiquer avec bienveillance, plongeant leur regard dans le mien ; cet instant me pénètre, je ressens une forme de privilège à être ici ; être admis ; après 2 jours de marche je pose un autre regard sur le paysage. Je repense aussi à ce sentiment étrange, une sorte de beauté brutale chez ces hommes, leur cri presque bestial pour communiquer avec les bêtes, leurs gestes quasi violents lorsque qu’il s’agit de les diriger, leur manière d’occuper l’espace ; je pense alors que ce mode de vie attise chez l’homme ses traits humains les plus primaires ; serait ce ça l’authenticité ?

Je continue alors ma route le cœur rayonnant, les cuisses sans cesse sollicitées, je m’émerveille de cette nature grandiose tout en pensant à une vie possible dans ces reliefs immenses. Puis Julya libère enfin mes pensées, elle pénètre enfin mon royaume des rêves, et je m’imagine alors l’enlever à son labeur quotidien pour gravir des montagnes, humer des forêts, nager des rivières. Ce soir je campe sous la ramure d’un pin séculaire, à l’orée d’un bois, il s’élance vers l'azur brûlant du couchant, il domine une vaste prairie de montagne jaune orangées, bordées d’une forêt tortueuse à l’assaut de la lumière. Je me sens en sécurité sous cet arbre. J’ai pourtant toujours la folle envie de croiser l’ours, malheureusement je sais aussi que les bergers empruntent ce passage tout les jours, ce qui réduit extrêmement les chances de voir un plantigrade. Aujourd’hui j’ai avalé du dénivelé de face, tel un conquérant de l’inutile, j’ai voulu me mesurer à ces pentes vertigineuses, ma manière à moi d’honorer la montagne, le souffle court je grimpe, et peu à peu le bruit des torrents se dissipe dans mon dos. Demain j’arrive à Omalo. En attendant des chiens de bergers prennent d’assaut ma tente, ils tombent a pic je commençais à casser la croûte, ils s’en sortiront avec quelques croutons de pain et des mots doux en français, du coup le berger peine à les remettre au travail. Je m’endors tôt, après quelques proses de George Sand sur la Nature.

Il est 11h j’arrive à Omalo, c’est sublime, j’ai croisé quelques touristes en transit dans des véhicules tout terrains et plusieurs cavaliers sur des chevaux touches : trapus, musclés, nerveux. Direction la terrasse d’une guest house pour m’envoyer une bière. J’y rencontre Dimitri, un drôle de gar, 32 ans, de Tbilissi, qui fait sa première expérience en Touchétie ; il est saoul, mais parle un bon anglais et il est plutôt agréable. Je décide de trainer avec lui et de fil en aiguille je me retrouve imbibé d’alcool à roupiller sur la table d’un hôtel de luxe sur les hauteurs du village ; ce gar a toujours un verre à la main. Je passerai 2 jours avec lui jusqu’à ce que nos chemins se séparent en haut du mont pitsilamta où a lieu une célébration touche traditionnelle, vers laquelle il m'entrainait. J’arrive là haut le premier et je suis convié à la grande tablée en plein air, un des gars me demande le demande où min ami, je sais à l’avance que ça chauffe à son sujet ici. 45 minutes plus tard le voilà qui débarque. Le pauvre bougre se fait sauter dessus par une équipe de touches bien imbibés qui lui reprochent les avances qu’il a fait 4 jours plus tôt à une nana du cru ; bref c’est pas hyper intelligent mais je comprends leur réaction, mais je dois m’interposer pour qu’ils arrêtent de la bastonner. Je suis sous le choc. Ce soulèvement de violence me sidère. Dimitri est bien amoché, les anciens du groupes viennent tempérer les plus fougueux et Dimitri décide de repartir. Bref je me retrouve avec son chaton sur le dos (oui il a trimbalé un chat dans les montagnes) et ses affaires. Dire que je me suis interposé entre lui et une équipe de montagnards survoltés, et qu’il ne daigne même pas venir me voir pour me dire ses intentions ; à ce moment là je le maudis. Et voilà que je suis convié à continuer le repas avec les touches puis invité à célébrer avec eux au village, à Dochu, pendant 3 jours. Je communique surtout avec Ihoan qui parle un anglais correct, il m’héberge chez lui 2 nuits, dans la maison de son grand-père et je suis convié à partager la table commune du village.

Depuis Omalo il y a 4 jours, - quoique j’ai tendance à perdre la notion du temps ici, la Touchétie m’a pris sous son aile, alors je me laisse porter, j’aurais tant de choses à dire mais la première qui me vient c’est l’excès d’alcool et de cigarettes qui caractérise ces grandes tablées ; durant cette période de célébration tout semble être à son paroxysme. L’histoire est intense en Géorgie et les traditions continuent à lier fortement les générations ; un pays au carrefour de l’Europe et de l’Orient et talonné de près par son lourd passé soviétique. Et ici les hommes se souviennent et n’hésitent pas à porter des toasts à longueur de journée en l’honneur de leurs ancêtres. En Touchétie persiste une longue tradition de croyances hybrides, entre paganisme montagnards et christianisme orthodoxe. C’est une expérience hors norme, tout le monde me fait une place. Néanmoins difficile pour moi de suivre le rythme, ils boivent du matin au soir, mais seulement les hommes, c’est la tradition à cette période de l’année, après quelques abus deux soirs de suite je suis épuisé par tout cet alcool ; je ne pense qu’à une chose c’est reprendre la marche en solo pour me purger. Mais c’est difficile de leur fausser compagnie tant leur hospitalité est spontanée et si difficile à refuser, je veux avant tout respecter leurs valeurs culturelles. Mais tout cet alcool, puis la violence que cela entraîne, mais aussi tellement de rire, de joie et de scènes cocasses. Ces villages touches vibrent tous en même temps sous l’impulsion de très anciennes fêtes, je peux ressentir une effervescence mystique dans ces montagnes, malgré un modèle patriarcal encore très fort qui me déplaît sur plusieurs points, et que je n'aborderais pas ici. Leur village, Dochu, fait partie des irréductibles qui se refusent à convertir leurs demeures historiques en guest house ; ici la tradition est un pilier central, et ce même si la plupart des 30 – 40 ans se sont expatriés en Europe, aux Etats Unis ou ailleurs ; mais tous les étés la plupart reviennent pour faire la fête, leur Touchétie natale coule dans leurs veines jusqu’aux larmes tant ils l’aiment. Ihoan rêve de bâtir sa propre maison ici, s’investir pour sa communauté est un devoir de sang. J’aurais aussi l’occasion de discuter avec Soso qui vit périodiquement dans un village un peu plus loin, lui a bossé en France et parle bien la langue, il me donnera sa vision de la Touchétie, tout autant touchante, peu à peu cette région parmi les plus isolées du haut-Caucase tire son épingle du jeu grâce au tourisme et le nombre de berger ne cesse de chuter, et ce depuis la chute du régime soviétique, mais ça c’est une autre histoire. Néanmoins les infrastructures, notamment routes, électricité, eau courante, ne sont pas la priorité de l’État et le chemin qui mène jusqu’à Omalo, considéré comme l’un des plus dangereux au monde, se dégrade toujours plus (plus de 20 personnes y meurent chaques années), seuls des véhicules privés le parcourent et pour des prix exorbitants.

Je finis donc par reprendre la marche mardi 2 août après avoir participé à un rassemblement important de villages touches au bord de la rivière, qui se terminera chez Soso pour la nuit à peine 500 mètres plus loin, dans le village de jvarboseli. La marche reprend donc plus sérieusement le Lendemain avec un col à 3100 mètres à franchir pour rejoindre le sentier historique qui mène jusqu’à Shatili en Khevsourétie. J’y parviendrais 2 jours plus tard et rallierai Tbilissi à l’arrière d’un pick-up up durant 3 heures de routes à couper le souffle, en compagnie de 5 autres marcheurs de Russie et du Luxembourg hypers chaleureux. À l’heure où je finalise ce texte je suis dans un minibus pour la Svanétie rempli à craquer, le chauffeur était saoul au départ et



depuis il a un peu décuvé, notamment du fait des nombreux coups de gueules des mamas géorgiennes se plaignant de sa conduite peu prudente. Le code de la route en Géorgie pour moi est un mystère. Je rejoins une allemande et un américain rencontré à deux reprises en Touchétie, notamment lorsque j’ai du m’interposer pour protéger Dimitri.

Je pense que ça va être un chouette moment ; la Svanétie offre des panoramas vertigineux.

Vive la Touchétie ! (Et plus encore)

O4V





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