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Photo du rédacteurO4V

Quelques marches avant le départ

Marcher au fil de l'eau, du paysage, d'une vallée, d'une histoire et se laisser pousser par l'air qui glisse entre villages, pâturages et forets. Déposer ses semelles l'une après l'autre sur les limons charriés par la rivière, arpenter le relief, contempler l'horizon et souffler.

Durant 3 jours j'ai pris le sentier du GR62b qui serpente dans les gorges de l'Aveyron depuis la butte ruthénoise jusqu'à la fière collégiale villefranchoise dans le Rouergue. Une escapade plaisir parfaitement balisée et colorée d'un patchwork de verdures en contraste permanent.

Pour fond sonore un orchestre constant, tintamarre de croassement, échos cristallins de nombreuses sources jaillissantes, bourdonnements solitaires de fleur en fleur ou encore le huement aérien de fiers hérons.

Les Gorges de l'Aveyron sont paisibles, sauvages, la végétation y est dense et l'histoire des hommes indissociable.

Cet ouest et sa vallée verdoyante se répartissent sur les territoires du Ségala et des bastides du Rouergue. Les traces d'un passé lointain où nos ancêtres empruntaient l'ancienne voie romaine entre Segodunum* et Carantomagus** laissent rêveur.

Puis d'un passé plus récent où les nombreux ponts de schistes dont certains*** sont toujours présents permettaient la circulation des locaux, marchands et pèlerins.


C'était donc un itinéraire en solitaire sur ce paysage de 1001 vallées pour essayer le matériel qui va me suivre durant quelques temps j'espère pour parcourir le Monde à pied. Et quel plaisir immense de redécouvrir ces sentiers parfaitement entretenus, des textes explicatifs pour se replonger dans cette identité régionale passionnante.


Saviez-vous que les châtaigneraies étaient un élément marquant du paysage depuis l'Antiquité jusqu'à la fin du XIX ème siècle ? « l'arbre à pain » constitué l'une des pierres angulaires de l'alimentation et de l'économie paysanne de la vallée aveyronnaise. Les sols arables du Ségala étant acides seul le seigle pouvait y être cultivé. Ainsi il fallut attendre la création du viaduc du Viaur en 1902 pour importer en quantité des amendements calciques, la chaux, pour rendre le sol propice à la culture de blés et de maïs. Dès lors l'économie paysanne en fut profondément marquée et les dernières châtaigneraies finirent par être abandonnées. Aujourd'hui grâce à l' association de passionnées, depuis 1995, un plan de sauvegarde au titre de conservatoire a permis de sauver des spécimens multi-centenaires qui sont notamment visibles du côté de Moyrazès dans « la forêt du diable » ****. Vous pourrez également découvrir quelques "secadou" ou séchoir qui d'antan étaient utilisés pour le séchage des châtaignes.

Un GR superbe qui ne manquera pas de nous rappeler que la mémoire des hommes est étroitement liée à celle de la nature environnante.

Mais au risque de me perdre dans trop de digressions historiques je vous invite à parcourir ce sentier par vous-même et découvrir la richesse de ses sites.


Concluons donc sur cette belle échappée, un test matériel très concluant d'autant plus que j'ai subi un violent orage, des jambes et pieds à la hauteur de ces 80 Km pour près de 2500 mètres de dénivelé positif cumulé et bien sûr un grand plaisir de marche.


Le grand départ étant reporté dans 2 mois pour des raisons impérieuses alors je pense bien continuer à arpenter ces sentiers de l' Aveyron riches d'histoires et de sauvages possibilités.



* Rodez

** proche de Compolibat

*** pont de Comenco, pont du Cayla, pont de Belcastel...

**** Car exposé à l'Ouest, où rien ne pousse généralement.

Ô4V

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